Samnaun – Klosters par cimes et sentiers / 20-25 août 2023

Vous montez dans le train à Porrentruy à 07.10. Il est 13.30 et vous avez traversé la Suisse de part en part, vous descendez du bus à Samnaun. Un de ces petits miracles quotidiens qui s’accomplit dans notre pays et auquel nous ne prêtons même plus attention.

Vous connaissez Samnaun ? Non ? Je vous décris ce village en quelques mots. C’est la commune située la plus à l’est de la Suisse ; également une zone franche depuis 1892. Vous y trouvez tous les bijoux, parfums, alcools et cigarettes que vous souhaitez  acheter hors taxes. Mais ne cherchez ni épicerie, ni boucherie, ni boulangerie, il n’y en a plus. D’un glauque à fuir sans délai. Ce que nous (Agnès, Cristel, François, Ursula et moi) faisons fissa, sur un chemin blanc en direction du Zeblasjoch (2538m) puis sur un sentier vers la Fuorcla Val Gronda (2759m), avant de rejoindre bon train la Heidelbergerhütte (2262m). Avec une pensée pour les personnes qui suent sous la canicule. Ici, il fait chaud, mais un de ces bons chauds d’été qui font transpirer sans vous dessécher avant même que midi arrive.

Une nuit de repos et nous voilà repartis plein sud en direction de la Breite Krone (3078m), une petite ascension sans difficultés que personne n’aurait l’idée de ne pas effectuer. Au sommet, un horizon à 360° à couper le souffle. L’air est si limpide que l’on y voit à des dizaines de kilomètres. Une pause, quelques commentaires et nous voilà en direction de l’arête qui relie d’est en ouest le Kronenjoch (2975m) au Pass Futschöl (2767m). Au passage, nous gravissons le Piz Faschalba (3047m), souvenir d’une ascension hivernale pas si lointaine dans le temps. Et c’est la descente vers la Jamtalhütte. A mi-chemin, nous contournons les éboulis monstrueux qui sont descendus du Fluchthorn le 11 juin dernier. Le sommet de la montagne est désormais 100m plus bas qu’avant ! A vous faire froid dans le dos. Le réconfort se trouve à la Jamtalhütte (2165m), vaisseau moderne posé au fond de la vallée éponyme. Photo 1

Mardi matin, le jour se lève-  encore – sur un ciel immaculé pour cheminer vers la Getschnerscharte (2839m) en traversant une de ces charmantes petites fenêtres qui ne laissent la place qu’à une personne à la fois entre les rochers… et vous offrent l’occasion de faire de bien jolies photos-souvenirs. Ce dont nous ne nous privons pas. Un passage dans le Bieltal et nous revoilà déjà escaladant le Radsattel (2652m) avant de laisser nos pas nous amener à la Wiesbadenerhütte (2443m). Des locaux moins modernes, mais un kaiserschmarrn qui défend bien sa réputation. Le hasard étant ce qu’il est, le gardien nous attribue la même chambre que nous avions occupée en hiver 2022. J’en profite pour dormir dans le même lit ; il paraît que cela est propice à une sommeil réparateur ;-).

Mercredi aux aurores, nous entamons une longue descente vers le Silvretta-Stausee pour ensuite remonter le Klostertal, le Verhhupftäli et rejoindre le Liznersattel. La météo radieuse et notre horaire permettent d’aller voir à quoi ressemble le paysage du sommet de la Sattelkrone (2863m). Quelques pas d’escalade, un peu de vide, mais pas assez pour tempérer l’enthousiasme de la troupe qui joue les chamois sur le granit. Température agréable, pas un souffle d’air, nous en profitons pour musarder avant de redescendre et nous diriger vers la Saarbrückerhütte (2538m). Un petit bijou de cabane, juchée sur un promontoire qui fait penser à la maison de pain d’épice d’Hansel et Gretel. Là aussi, le kaiserschmarrn mérite qu’on le savoure !

Le temps passe, les itinéraires filent sous nos pas. Ce matin, nous descendons plein nord en direction du Vermuntstausee avant de bifurquer à l’ouest pour gagner le Hochmadererjoch (2505m). Une pause pour juger de l’allure du Hochmaderer et de son accès. Pas de difficulté majeure en vue, nous convenons de l’escalader. Une voie normale très élégamment tracée nous permet de progresser et d’atteindre le sommet  (2823m). Photo 2 Là, nous avons l’occasion d’échanger quelques propos décontractés avec des membres de la section de Tübingen du DAV (club alpin allemand) qui sont là pour vérifier les haubans de la croix sommitale et entretenir les chemins d’accès de la cabane que leur section a érigée en 1907 au pied des Plattenspitze (2191m). Elle a été modifiée, agrandie à plusieurs reprises dont une dernière en 2017/2018 pour offrir un accueil chaleureux dans des locaux en bois clair qui jouxtent les bâtiments initiaux patinés par le temps et les nuées de montagnards qui les ont fréquentés. Une nuit dans un dortoir surchauffé nous permet de nous faire à l’idée que nous allons regagner la plaine demain. Un orage au cours de cette même nuit nous rappelle aussi que la canicule y touche à sa fin. Mais il semble que nous disposions d’une fenêtre météo suffisante pour passer entre les gouttes.

Vendredi, il ne nous reste que le Carnairajoh (2489m) à gravir avant d’entreprendre la longue descente qui, de sentier en chemin blanc puis en route goudronnée nous amène à Klosters-Dorf. Un rafraîchissement bienvenu et nous montons dans le train de 13.34. Les nuages arrivent, mais nous ne voyons les premières pluies qu’au moment où nous longeons le Walensee.

Une semaine de randonnée placée sous le sceau du soleil, d’une douce chaleur et d’une franche bonne humeur. Sans le moindre accroc technique, ni le moindre bobo aux pieds … ou presque. De grands moments d’échanges, d’émotions et d’amitié partagés. Sur le terrain, des étapes assez différentes selon l’app swisstopo, mais qui, au final, se sont révélées très similaires en durée comme en difficulté.

Et, pour finir, un diplôme summa cum laude à Ursula qui effectuait sa première randonnée de plusieurs jours en haute montagne. Elle avait – bien naturellement – étudié toutes les portes de sortie possibles au cas où elle ne parviendrait pas à relever le défi. Dès le départ dans le rythme, elle a gravi ses premiers sommets avec l’aisance des routiniers et rejoint Klosters avec le sourire qu’elle a arboré tout au long de la semaine. Bravo !