Sortie ski alpinisme du CAS Jura dans la région de la Jungfrau

du 9 au 12 mai 2024

participants : Xavier Monin, Antoine Schnetz, Carine Parrat, Christophe Mertz, Luca Marchand, Théodore Bourquard, JB Bandelier

Jeudi

Faute au café de Théodore, nous prenons beaucoup de retard pour passer le tunnel reliant Kandersteg et Goppenstein. Nous partons seulement à 12h00 du parking, skis aux pieds. La joie et l’euphorie d’entamer ce week-end se fait sentir et nous attaquons la montée, longue et constante, qui nous amène au Lötschenlücke. Il fait chaud, très chaud. Une fois arrivés en haut, l’immensité des étendues glaciaires et des montagnes qui nous entourent nous coupe le souffle. Pour atteindre la cabane Konkordiahütte, nous devons traverser le grand Aletschfirn. Première descente du week-end, cependant courte et pas intéressante. On remet ensuite les peaux pour rejoindre la cabane, ou plutôt le début des 467 marches pour l’atteindre. Il se fait tard et les gardiens s’inquiètent. JB leur explique qu’on arrive d’ici peu et la journée s’achève sans encombre. On se réjouit de la suite !

Antoine Schnetz

Vendredi

La chaude vierge.

Ce vendredi 10 mai, le programme est ambitieux, en effet, parmi toutes les routes menant à la Jungfrau(ou), notre JB aura retenu la plus longue (la plus difficile étant impraticable en hiver, motivé mais pas Kamikaze hein !).

Partant de la Konkordiahütte, nous n’allons pas faire un truc finissant en « Horn » comme (presque) tout le monde depuis la Konkordiahütte, non, nous, nous nous traînons sur cet interminable Jungfraufirn pour aller rendre visite à cette vieille dame blanche. C’est que cette Jungfraou, elle se mérite, on n’est pas du genre à passer du Berner Bollywood à 4158m en 3 ou 4 heures de promenade alpine.

Au pied de l’éperon rocheux du Rottal, première défection : un membre de l’équipe, la marraine du petit Clément Schnetz pour ne pas la nommer, décide finalement de faire du shopping au sphinx. Il paraît qu’on y trouve des Rolex ou des capuccinos hors de prix, à croire qu’elle a l’accès à la carte de crédit du chef de course. Bref, les plus fauchés, eux, attaquent les premières conversions, dont certaines dans de la pente à 40° pour accéder au Rottalsattel. Pas de répit pour les gueux !

Au fur et à mesure que le Rottalsattel s’approche, nous constatons une nette amélioration de la neige sur le versant nord-est, direction Jungfraujauch. Ça présage du bon ski. Autre belle surprise, la rimaye barrant l’accès au sommet de la Jungfrau est bouchée à deux places permettant de déposer les skis plus haut que prévu, mais aussi de passer cette satanée crevasse à ski.

Passé la rimaye, Patatras, deuxième défection : le cadet du groupe se garde des vielles vierges. Observateur, le petit, il voit bien qu’on n’est pas les seuls à la monter, probablement que le terme Jungfrau est usurpé. Méfiant, il profite de la bonne neige (encore immaculée) sur les pentes nord-est pour glisser fissa à la Mönchjauchhütte.

Les derniers 250/300m nous séparant du sommet sont long, très long et surtout on progresse dans une chaleur suffocante. Si les plus vieux se traînent âprement sur les flancs de la Jungfrau, les plus jeunes galopent effrontément jusqu’au sommet.

Nous voilà enfin arrivés au sommet, épuisés mais heureux de pouvoir dîner en profitant de la meilleure vue de la région (et Théodore profitant de son dernier sommet du WE). Cette dame n’est pas facile mais finalement bien accueillante. JB s’improvise cinéaste amateur après les photos de victoire sommitale d’usage.

Nous descendons après un peu de repos. La descente est moins laborieuse que la montée malgré une petite glissade promptement stoppée grâce aux réflexes de JB (et d’un coup de piolet bien drillé lors des initiations alpi).

Assez vite, nous voilà prêt à descendre à ski. Après avoir sauté la rimaye nous constatons avec une certaine déception que la qualité de la neige (et du ski) s’était dégradée pendant notre escapade au sommet, on ne peut pas tout avoir…

Le récit du reste de la course du jour présente autant d’intérêt que de progresser en peaux sur un bout de Jungfraujauch lissé au ratrak pour les alpinistes en tongues. On dira qu’on est tous arrivé à la Mönchjauchhütte heureux mais épuisés.

Chistophe Mertz

Samedi :

Après une nuit agréable à 3621m agrémentée de ronflements, nous restons comme deux ronds de flan devant Théodore tout aussi en forme que le fromage du déjeuner. On se prépare, faux départ, on part à la recherche des gants, également un élégant lever de soleil.
On descend jusqu’à la montée, puis on remonte pour descendre, alors que Théodore redescend directement plutôt que de remonter. Durant la montée qui précède et suit les descentes, on effectue un joli portage, dans une ambiance himalayenne (enfin pour la queue leu-leu).
Au col, ni peautage, ni papotage, on attaque le Grosses Fiescherhorn, petite bla-bla balade sur le fil de l’arête, un rappel et quelques petits pas d’escalade nous amènent au premier 4000 du jour. Malheureusement, le triptyque « Aïgrmeunchyougfrou », la traversée Schreckhorn-Lauteraarhorn, la vue sur le Finsteraarhorn ainsi que quelques minables sommets culminant à peine à 3800m ne compensent que difficilement notre déception de ne pas voir le Chasseral bouché par les nuages. Redescente sérieuse dans la bonne humeur, quelques croisements de cordées, avec la priorité accordée. Retour au pied de nos skis, dîner, sans vents, les évents viendront après pour certain (Clément se reconnaîtra*). Skis aux pieds, pas même le temps de digérer que nous sommes déjà au sommet du Hinteres Fiescherhorn. La pente raide s’effectue avec moins de virages que Jérémie Heitz pour certains, et plus lentement que le temps de rédiger 3 sorties pour le bulletin du CAS pour d’autres. La suite s’enchaîne sans encombre jusqu’à la hauteur de la Finsteraarhornhütte, petite montée inteeeerrrminable de 300m au Grünhornlücke et pour finir sur une belle descente qui nous mène directement** à la cabane Konkordia où nous pouvons enfin savourer des pressions afin d’envisager le Mittaghorn et ses 40°, heureusement la dépression du lendemain aura raison de ce projet.

*prénom d’emprunt, emprunté à son fils
** hormis 30 minutes de marche et de marches

Xavier Monin

Dimanche

Le programme initial du dernier jour de ce périple consistait à rallier le Lötschental depuis la Konkordiahütte en passant par le Lötschenlücke, programme identique au premier jour. Lors de l’apéro, nous avons bien entendu évoqué quelques variantes…
L’heure du déjeuner avancée dans l’espoir de conquérir le Mittaghorn, nous débutons la journée en parcourant pour la quatrième et dernière fois les 467 marches qui nous séparent de nos skis.
Nous voilà partis en direction de l’ouest, remontant doucement l’interminable Grosser Aletschfirn – le plus grand glacier des Alpes – en traversant la belle Konkordiaplatz.
Les nuages estompent quelque peu le lever du soleil. Nos espoirs d’ascension du Mittaghorn s’estompent eux aussi peu à peu, en raison du brouillard naissant. Peut-être que les révisions d’azimuts de la veille seront utiles pour rejoindre la voiture.
Mittaghorn ou pas, nous devons tout de même gravir les quelque 400 m qui nous séparent du Lötschenlücke. Cette dernière Ascension du weekend semble interminable.
Le mauvais temps s’intensifiant, nous rejoignons chacun à notre rythme la Hollandiahütte, par des itinéraires plus ou moins directs.
L’accueil un peu froid que nous réservent les gardiens – nous sommes arrivés à la cabane à de mauvaises heures – finit par enterrer définitivement nos projets de sommet. Une fois les boissons terminées ainsi que les petites siestes improvisées par certains, nous nous empressons de chausser nos skis une dernière fois. Le brouillard s’étant levé, nous pouvions presque deviner le parking quitté trois jours plus tôt.
C’est ainsi que nous profitons de cette dernière longue descente dans le Lötschental, entre ombre et lumière, d’abord sur le Langgletscher puis le long de la rivière Lonza. Enfin, après quelques passages à gué et détours pour chercher la neige qui avait bien fondu durant ces quatre jours, nous retrouvons notre point de départ. Les fleurs avaient peu à peu à remplacé l’hiver.
Les bouchons du Lötschberg finirent par nous ramener à la réalité après cette petite parenthèse hivernale.

Luca Marchand